
La séquence électorale s’est close le 1er février, avec l’installation du Parlement, le Yuan législatif, et l’élection de son président. Pour l’ouverture de cette 11e législature, c’est HAN Kuo-yu, du parti Kuomintang (KMT) qui l’a emporté. Dans une assemblée de 113 députés, M.HAN a obtenu 54 voix, contre 51 pour le candidat du Parti démocrate progressiste (DPP) du président William LAI, élu le 13 janvier (et qui sera investi le 20 mai). Troisième force avec 8 députés, le Parti populaire taïwanais (TPP) s’est abstenu lors du vote. Le 11e Yuan compte 59 députés sortants, et 54 nouveaux élus. Il y a 66 hommes (58%) et 47 femmes (42%), avec un âge moyen de 53 ans. 11 députés seulement ont moins de 40 ans, le plus jeune élu ayant 31 ans.. Ni le DPP, ni le KMT, n’ont obtenu la majorité absolue au Yuan. C’est donc le TPP qui aura un poids décisif lors des votes parlementaires, puisque susceptible de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Le président LAI devra composer dans les quatre années avec un Yuan a priori dominé par ses opposants. L’élection de M.HAN peut être considéré avec une satisfaction relative par Pékin, qui a été exaspéré par la (modeste) victoire de LAI à la présidentielle.
Qui est HAN Kuo-yu, l’ex- « Trump de Taïwan » ?

Han pendant la campagne présidentielle de 2020
HAN Kuo-yu (韓國瑜, alias Daniel HAN) est né en 1957 à Taïwan . Son père était officier dans l’armée nationaliste de Tchang Kaï-chek, et arrivé avec elle en 1949 à Taïwan. HAN a été élu député KMT de Taipei au Yuan à trois reprises, en 1993, 1996 et 1999. HAN a été maire de la ville de Kaohsiung (2018-2020) . Lors des élections municipales de novembre 2018, le DPP enregistre au niveau national un net revers électoral. Kaohsiung était dirigée par des maires DPP depuis 1998, et la conquête de la troisième ville du pays par le HAN a été remarquée, alors que personne au sein du KMT ne croyait à une possible victoire. Son ascension a alors été qualifiée de « météorique ». En tant que maire, il a fait plusieurs déplacements à Hong Kong, Macao et en Chine continentale pour y tisser des liens économiques et culturels. Ce qui lui a été reproché par ses opposants dans le contexte de la situation à Hong Kong.
Le KMT le désigne en juillet 2019 comme son candidat à la présidentielle de 2020, face à la sortante TSAI Ing-wen (DPP). Il fait campagne sur un rapprochement avec la Chine continentale, mais est obligé de mettre en sourdine le thème « Un pays, deux systèmes » cher à Pékin, alors que la Chine est en train de mettre brutalement la main sur Hong Kong. Il est plus à l’aise sur les thèmes de politique intérieure, se ralliant alors l’électorat classique du KMT : militaires, foyers modestes, petits propriétaires, retraités de la fonction publique ou de l’armée. Mais, le 11 janvier 2020, il n’obtient au final que 38,6 % des voix, largement distancé par TSAI Ing-wen qui est réélue avec 57,1 % des voix, à la fureur de Pékin.
En juin 2020, HAN est révoqué de son poste de maire Kaohsiung après un référendum populaire. Appelé par l’opposition, c’est le premier référendum populaire pour limoger un maire à Taïwan. La révocation est demandée pour avoir abandonné Kaohsiung pour s’occuper de sa campagne présidentielle. Avec un taux de participation de 42 %, 97 % des votants soutiennent la révocation du maire. Pour l’anecdote, on aura relevé que pendant la campagne présidentielle de 2020, certains médias ont surnommé HAN « le Trump taïwanais » pour son populisme conservateur, misogyne, anti-intellectuels et anti-élites, promettant les foudres de la justice au DPP et en particulier à sa rivale TSAI Ing-wen1…
NOTES
1 REICHENBACH Dominique, « The Rise and Rapid Fall of Han Kuo-yu », The Diplomat, March 18, 2020. URL: https://thediplomat.com/2020/03/the-rise-and-rapid-fall-of-han-kuo-yu/
