La « République de Chine » (Taïwan) est expulsée de l’ONU et des organisation intergouvernementales (OIG, dont les agences onusiennes) au profit de Pékin le 25 octobre 1971. Par un vote de l’Assemblée générale de l’ONU (alors dirigée par l’Albanie) « les représentants de TCHANG Kaï-chek » (« des autorités illégales n’existant que par la présence permanente des forces armées américaines à Taïwan ») sont exclus de l’organisation onusienne (ONU-AG-Résolution 2758). Le recours à l’Assemblée générale, où les pays socialistes appuyés par de nombreux pays décolonisés du Tiers Monde (en théorie « non-alignés », mais aussi « anti-impérialistes ») ont peu à peu obtenu la majorité des voix, permet de contourner un Conseil de sécurité où Washington et la République de Chine disposent du droit de veto. Du point de vue du droit international, et quoique Pékin défende la thèse contraire, la République de Chine ne disparaît pas en droit, et continue d’être reconnue par quelques Etats (en nombre décroissant: 14 au 1er janvier 2023). En application du principe « Une seule Chine » imposé par Pékin, les ambassades à Taipei sont progressivement transférées à Pékin, les puissances laissant, ou installant, à Taipei, des « Instituts culturels » ayant quasi rang d’ambassade.
La diplomatie américaine vis-à-vis de Pékin évolue donc par étapes entre 1972 et 1979. La visite officielle historique du président Richard Nixon en Chine a lieu du 21 au 28 février 1972. L’annonce-surprise en avait été faite en juillet 1971. Elle a été longuement préparée par le secrétaire d’État Henry Kissinger (dont Pékin chante depuis les louanges). Les rencontres bilatérales pendant le voyage de Nixon débouchent sur un communiqué commun, le « communiqué de Shanghaï », dont les 16 articles actent les positions respectives de Pékin et de Washington, dont plusieurs points d’accord, sur les tensions en Asie (Vietnam, Laos, Cambodge, Corée, Japon). La question de Taïwan fait l’objet d’un point spécifique. « Les États-Unis d’Amérique reconnaissent que les Chinois de part et d’autre du détroit de Taïwan considèrent qu’il n’y a qu’une seule Chine, dont Taïwan fait partie ». Les Etats-Unis notent, plutôt qu’ils n’approuvent, l’affirmation de Pékin selon laquelle Taïwan fait partie de la République populaire de Chine (La République de Chine tenant, à Taïwan, le même discours inversé).
Les Etats-Unis établissent des relations diplomatiques avec la Chine populaire le 1er janvier 1979, et rompent du coup leurs relations avec Taipei. Le Congrès américain vote alors le Taiwan Relations Act (TRA) qui entre en vigueur le 10 avril. Cette (longue) loi définit l’ensemble des nouvelles relations de Washington non plus avec la « République de Chine », mais avec les «autorités gouvernant Taïwan »1. Remplaçant le Traité de défense mutuelle (Mutual Defense Treaty) du 3 mars 1955, elle prévoit, en particulier, la possibilité de vendre des armes défensives à Taïwan, contre une éventuelle invasion. Mais cette clause ne s’applique pas en cas de changement d’appellation de Taïwan, ou en cas de changement du régime constitutionnel à Taipei, deux décisions qui équivaudraient à une forme de « déclaration d’indépendance », laquelle serait un casus belli pour Pékin. Le Taiwan Relations Act, épisodiquement enrichi, ne garantit donc pas d’intervention militaire automatique des États-Unis en faveur de Taïwan si celle-ci était envahie par la Chine. Depuis 1979, les États-Unis maintiennent à cet égard une politique dite « d’ambiguïté stratégique », dont le double objectif est d’empêcher une déclaration d’indépendance unilatérale de la part de Taïwan, ou une tentative d’annexion de Taïwan par la Chine. A plusieurs reprises depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président Joe Biden a assuré que : « bien sûr l’Amérique défendrait Taïwan si l’île était attaquée »: à chaque fois son administration a démenti pour renvoyer à « l’ambiguïté stratégique » de principe.
Le texte intégral du Taiwan Relations Act de 1979
Cf. le texte intégral du Taiwan Relations Act (Public Law 96-8) : https://www.congress.gov/96/statute/STATUTE-93/STATUTE-93-Pg14.pdf ou: https://www.ait.org.tw/policy-history/taiwan-relations-act/

Le 40e anniversaire du Taiwan Relations Act vu par le China Daily (Pékin) en 2019.

Les hésitations langagières de Joe Biden sur « l’ambiguïté stratégique » américaine, vues par le China Daily (Pékin) en novembre 2021