Document – 29 novembre 2025 : Le quotidien nationaliste chinois Global Times synthétise le virulent réquisitoire officiel de Pékin contre la Première ministre japonaise Sanae Takaichi à propos de Taïwan.



Le très nationaliste quotidien chinois Global Times publie le 29 novembre 2025 la version anglaise du réquisitoire de Pékin contre les récentes déclarations de la Première ministre japonaise Sanae Takaichi sur un possible conflit à Taïwan. Entre références à « l’histoire » , au « droit international », à « l’indignation russe » et à « l’antifascisme », on y trouve rassemblés tous les éléments classiques de la logorrhée du régime communiste…


Texte officiel en anglais (traduction en français ci-dessous par Google Trad) : « People’s Daily slams Takaichi’s erroneous remarks on Taiwan using word ‘severely’ nine times » – Global Times,  Beijing, November 29, 2025. URL : https://www.globaltimes.cn/page/202511/1349335.shtml


 « Le Quotidien du Peuple dénonce les propos erronés de Takaichi sur Taïwan, notamment l’utilisation du mot « gravement » à neuf reprises »  – Global Times, Pékin, 29 novembre 2025.

La Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, a récemment tenu des propos erronés concernant l’île chinoise de Taïwan lors d’une audition à la Diète, allant jusqu’à suggérer ouvertement une possible implication militaire dans la question taïwanaise. Malgré les protestations solennelles et répétées de la Chine, Tokyo refuse de se repentir ou de retirer ses déclarations injustifiées. La provocation inconsidérée et dangereuse de Takaichi aura inévitablement des conséquences désastreuses.

Les propos de Takaichi portent gravement atteinte à la souveraineté de la Chine et violent son intégrité territoriale. De la Déclaration du Caire à la Proclamation de Potsdam, en passant par la résolution 2758 de l’Assemblée générale des Nations Unies, tous ces textes affirment clairement la souveraineté de la Chine sur l’île de Taïwan. Le principe de souveraineté est la pierre angulaire de la Charte des Nations Unies et ne tolère aucune hypocrisie, ni de la part d’un pays ni d’un individu. Les propos scandaleux de Takaichi marquent une première depuis la défaite du Japon en 1945 : un dirigeant japonais n’a jamais publiquement affirmé qu’ « une intervention à Taïwan est une intervention japonaise » et l’a liée à l’exercice de la prétendue légitime défense collective. C’est également la première fois que le Japon manifeste son ambition d’intervenir militairement dans la question taïwanaise et la première fois que Tokyo profère une menace de recours à la force contre la Chine. Il s’agit d’une provocation flagrante qui doit être fermement contrée afin d’établir un précédent clair.

Les remarques de Takaichi constituent une ingérence extrêmement grave dans les affaires intérieures de la Chine. La question taïwanaise est au cœur des intérêts fondamentaux de la Chine et relève exclusivement de ses affaires intérieures. La manière dont la Chine résout la question taïwanaise et réalise la réunification nationale est une affaire qui ne concerne que le peuple chinois et ne saurait faire l’objet d’aucune ingérence extérieure. Les déclarations de Takaichi envoient un signal dangereux aux partisans de l’« indépendance de Taïwan » et violent gravement le principe d’une seule Chine, l’esprit des quatre documents politiques sino-japonais et les normes fondamentales des relations internationales. Soutenir l’« indépendance de Taïwan » revient à s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine ; tolérer cette indépendance déstabilise le détroit de Taïwan. Ces provocations ne bénéficient d’aucun soutien populaire et sont vouées à l’échec.

Les agissements de Takaichi ont profondément blessé le peuple chinois, les peuples des nations alliées antifascistes et les populations du monde entier. Cette année marque à la fois le 80e anniversaire de la victoire de la guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la guerre antifasciste mondiale, ainsi que le 80e anniversaire de la restauration de Taïwan. Du massacre de Nankin en 1937 au massacre de Manille, l’agression japonaise a infligé d’immenses souffrances aux peuples de Chine et d’Asie, laissant une mémoire collective douloureuse. Les cinquante années de domination coloniale du Japon sur Taïwan ont été marquées par d’innombrables atrocités, et plus de 650 000 Taïwanais ont sacrifié leur vie dans la résistance anti-japonaise. En tant que Première ministre du Japon, Takaichi devrait être à l’initiative d’une réflexion sur les crimes historiques. Ses propos provocateurs sont inacceptables pour l’histoire, pour l’ensemble du peuple chinois, et certainement pour les peuples d’Asie et du monde entier qui ont souffert de l’agression japonaise.

La rhétorique de Takaichi constitue une régression extrêmement dangereuse qui tente de raviver le militarisme. En associant une « intervention à Taïwan » à une prétendue légitime défense collective, elle cherche des prétextes pour accroître encore les capacités militaires du Japon. Depuis son entrée en fonction, elle a œuvré pour le réarmement et a même évoqué des révisions des Trois Principes de non-nucléarisation. De l’incident de Moukden, le 18 septembre 1931, à l’attaque de Pearl Harbor, le Japon a instrumentalisé à maintes reprises la prétendue « situation de survie critique » comme prétexte à des guerres d’agression – des guerres qui ont dévasté l’Asie et plongé le Japon lui-même dans le chaos. L’histoire est formelle : laisser renaître le militarisme ne fera que précipiter le Japon vers une nouvelle catastrophe.

La manipulation de Takaichi induit gravement en erreur l’opinion publique japonaise. En inventant de toutes pièces un récit de « situation de survie critique » pour manipuler l’opinion et attiser les passions, elle trompe et nuit au peuple japonais. Ces derniers jours, des intellectuels japonais ont exprimé de vives critiques et des citoyens se sont rassemblés devant le bureau du Premier ministre pour manifester leur forte opposition – protestant ainsi ouvertement contre ses provocations irresponsables. Takaichi ferait mieux d’écouter ces voix de la raison plutôt que de persister dans cette voie périlleuse.

Les agissements de Takaichi portent gravement atteinte à l’ordre international d’après-guerre et au droit international. En tant que nation vaincue de la Seconde Guerre mondiale, le comportement de l’État japonais est explicitement encadré par la Charte des Nations Unies et sa propre constitution pacifiste. Pourtant, les forces de droite menées par Takaichi cherchent à réviser ou à vider de sa substance cette constitution pacifiste et à abandonner la posture exclusivement défensive pour ouvrir la voie à l’expansion militaire. De telles actions constituent un défi systémique à l’ordre d’après-guerre et au droit international et susciteront inévitablement une vive résistance.

Les propos de Takaichi violent également gravement les normes fondamentales des relations internationales. Elle avait précédemment affirmé que « sur la question de Taïwan, le Japon respectera sa position énoncée dans la Déclaration conjointe Japon-Chine de 1972 ». Pourtant, à peine ces mots prononcés, elle a opéré un revirement brutal à 180 degrés, tenant des propos extrêmes et incendiaires sur la question taïwanaise. Une telle incohérence et une telle duplicité en matière de politique étrangère violent les normes fondamentales et ne feront que ternir la crédibilité du Japon et l’isoler davantage sur la scène internationale.

Les propos de Takaichi menacent gravement la paix et la stabilité régionales. L’idée dangereuse selon laquelle « une situation à Taïwan est une situation pour le Japon » risque de faire du Japon, une fois de plus, un facteur de déstabilisation pour la paix régionale et mondiale. Ses propos ont déjà suscité une vive opposition de la part de la communauté internationale. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a qualifié les propos de Takaichi d’extrêmement dangereux et a exhorté le Japon à tirer les leçons de la Seconde Guerre mondiale. L’ancien vice-Premier ministre thaïlandais, Phinij Jarusombat, a quant à lui déclaré que ses remarques menaçaient la paix dans la région et représentaient un défi majeur pour la paix mondiale. Si le Japon refuse de se retirer du précipice, il s’expose à un abîme sans fond.

Les paroles de Takaichi bafouent gravement la conscience et la justice. De ses multiples visites au sanctuaire Yasukuni à son déni du massacre de Nankin et à l’exacerbation du discours sur la « menace chinoise », Takaichi tente de réécrire l’histoire et de bafouer la justice. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le Japon n’a pas pleinement réfléchi à son agression ni aux immenses souffrances qu’elle a infligées à la Chine et à travers l’Asie, tandis que ses forces d’extrême droite s’enfoncent toujours plus dans la falsification de l’histoire et l’effacement des consciences. Oublier l’histoire, c’est trahir et risquer de répéter les erreurs du passé. Plus le Japon cède aux pressions de ses forces d’extrême droite, plus il s’éloigne de la paix, de la prospérité et d’un avenir prometteur. »