« Taïwan, le Japon et la Chine face à l’hypothèse d’une deuxième présidence Trump » texte publié dans Diplomatie no 126, mars-avril 2024



Introduction : Le candidat Trump promet « un programme radical » applicable dès son élection, en politique intérieure comme en politique étrangère. Au-delà du retour du mot d’ordre « Make America Great Again  (MAGA) » et de l’isolationnisme, le bilan de sa présidence de 2017 à 2021 permet d’envisager quelques perspectives en cas de second mandat. Si l’on peut porter à son crédit de n’avoir engagé les Etats-Unis dans aucun nouveau conflit, la politique étrangère de l’auteur en 1987 de L’art de la négociation (The Art of the Deal) a été caractérisée par l’instabilité et les contradictions. La valse ininterrompue des responsables de la sécurité nationale, des conseillers et des diplomates, l’annonce impromptue des décisions sur twitter, et les contradictions ou revirements se sont traduits par une incertitude décisionnelle permanente. Détestant les « élites de Washington», missionnant des membres de sa famille, Donald Trump a largement contourné les départements d’Etat et de la Défense. Il a systématiquement affiché son mépris des instances multilatérales (dont l’ONU et ses agences) et des alliances stratégiques (l’OTAN, en particulier). Il a retiré la signature américaine de plusieurs textes internationaux (le JCPoA sur le nucléaire iranien de 2015 ; l’accord de Paris sur le climat de 2016). Pratiquée comme une négociation commerciale, sa diplomatie transactionnelle devait déboucher sur un accord plus favorable (a better deal ) aux Etats-Unis. Il a semblé mesurer la valeur des alliances en termes de coûts et profits financiers, sans prise en compte ni de la valeur sécuritaire du leadership américain, ni des ventes d’armes qui lui sont associées. Les alliés ont été traités de « passagers clandestins » (free riders), et Washington présenté comme « un pigeon » (« a sucker »), payant les coûts de la défense d’États largement assez riches pour se défendre tous seuls. Enfin, Trump a constamment exprimé son admiration viriliste pour les « dirigeants forts » : Vladimir Poutine et Xi Jinping surtout, mais aussi Recep Tayyip Erdogan ou Victor Orban. Toutes ces composantes se sont retrouvées dans la politique trumpienne en Asie-Pacifique entre 2017 et 2021.



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