En 1871, pris dans un typhon, des commerçants et marins de Ryukyu (un royaume archipélagique alors vassal de la Chine) font naufrage au sud-ouest de Taïwan. A terre, ils sont attaqués par des Aborigènes Paiwan, et 54 rescapés sont massacrés. Tokyo demande à Pékin l’indemnisation des victimes. A quoi il est répondu que les Aborigènes de Taïwan sont des « insoumis » (台灣生番) échappant à la souveraineté chinoise. En mai 1874, Tokyo envoie donc un contingent militaire dans une « Expédition punitive » (台湾出兵, Taiwan Shuppei), qualifiée en chinois « d’Incident de Mudan » (牡丹社事件, ou « Affaire de Mudan »1). C’est la première ingérence japonaise militaire contemporaine à Taïwan, et le premier affrontement avec les Aborigènes (mais ceux qui se rendent sont récompensés par la distribution de drapeaux japonais…). La faiblesse évidente des Qing dans l’Affaire de Mudan (en 1875, une expédition chinoise dans le sud de Taïwan échoue face à la résistance des Aborigènes), et leur peu de contrôle effectif sur Taïwan, préparent une future politique d’influence japonaise sur l’île, qui mènera à la colonisation en 1895. En attendant, après un arbitrage britannique favorable à Tokyo, le Japon annexe le royaume de Ryukyu en 18792.
NOTES
Photo d’en-tête: Des soldats japonais et des Aborigènes Paiwan au sud de Taïwan, lors de « l’Incident de Mudan » (牡丹社事件), en 1874. Carte postale rééditée vraisemblablement en 1935 (cachet postale de 1941).
1 Voir l’iconographie : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9dition_de_Ta%C3%AFwan_de_1874#/media/Fichier:Soldiers_of_the_Japanese_expedition_in_Taiwan.jpg
2 KERR George H., Okinawa: Kingdom and Province, 1953; Ryūkyū no rekishi, Tokyo, 1955 ; Okinawa. The History of an Island People, Tokyo, Tuttle Publishing, 1958 & 2000, 573 p.